jeudi 29 mai 2008

MESSAGE 073 / NUITS VERTES

PREMIERE NUIT VERTE CHEZ BALTHAZAR

Balthazar et moi n'avons pu nous dire au revoir comme si nous avions passé une banale soirée de courtoisie. Nous avons accroché, décroché, déplacé, commenté, évoqué devant les sept tableaux de la Série verte dont il était alors en possession.

Si Balthazar s'en est dessaisi depuis, ce n'est pas de sa seule initiative, mon père lui a demandé d'accepter la vente de quelques uns pour couvrir les frais de fonctionnement de Place Aux Arts, la galerie du MAMI, et ceux du MAMI lui-même. D'autres encore ont fait l'objet d'une donation à mon cousin Pierre quand mon père a commencé à redouter pour lui-même une possible "déroute ".

Vous savez tout.

Je vous livre maintenant, ci-dessous, deux autres tableaux de la Série verte.

Ploum, ploum,

Votre Clémentine

Autoportrait de Deale esq.pour les Cyclades, collection privée, avec l'aimable courtoisie de MME E. Frattini-Ducos.



Collection privée, avec l'aimable courtoisie de MME E. Frattini-Ducos.
POUR VOIR LE DIAPOPRAMA DE SERIE VERTE

lundi 26 mai 2008

MESSAGE 072 / SERIES VERTES

Quatre portraits de la Série verte, collection privée Balthazar, 1997.

Suite de ma soirée chez Balthazar

- Je t'ai déjà confié que les tableaux de la Série verte de mon père me faisaient inévitablement penser à la peinture de F. Bacon? demandais-je à Balthazar.
Silence de Balthazar.

- Tu dis rien?
- Un jour que j'interrogeais ton père un peu comme tu fais là, il m'a répondu :
" F. Bacon peint en trois dimensions, ses lignes de fuite, ses perspectives construisent cette troisième dimension, l'espace. Ma peinture est frontale, sans perspective, en miroir ". Peu après, il ajoutait : " Je lisais une interview dans laquelle F. Bacon disait : " Je peins de la viande ". " Pour ma part, continua ton père, je peins des transferts ".
Tu sais, ton père a toujours détesté parler de la peinture, " La peinture ne relève pas du langage, elle s'adresse à nous en en faisant abstraction, là où elle pense dépasser les mots. Elle laisse, elle ouvre du possible, là où la parole, les mots circonscrivent ce dont nous parlons, alors qu'ils sont muets pour transmettre des émotions, une pensée qui s'élaborent. La peinture partage cela avec la musique, la poésie, mais, en silence, comme la contemplation, l'extase." disait-il.

Suivit un silence prolongé.

- Continue, Balthazar.
- Je préfère que nous arrêtions là nos baconneries, non? Tiens, ton père me disait aussi :
" Prendre la parole en peinture, je suis exaspéré par ceux qui s'y aventurent. La peinture est un art du silence. "



Collection privée, Madame E. Frattini-Ducos, 1999.



Collection privée, Monsieur P. Suchet, 2007.

mercredi 21 mai 2008

MESSAGE 071 / FIN DE CONVALESCENCE?

Ci-dessus, chez Balthazar l'après-midi.


Fin de journée avec Balthazar :
- Balthazar, on ne peut rester si longtemps muets, immobiles, inactifs. Le MAMI se morfond, Edouard (*) se transforme en statue, le Livre d'or est devenu gris sous la poussière. Seules les peintures de mon père semblent dans leur élément, ainsi que ses tempera d'Hommes-arbres et ses Bâtons-à-tête de conteurs. Que se passe-t-il?
- Mais le MAMI, me répondit-il, c'est l'anti-musée, le temple du blues, de la mélancolie, de la nostalgie. Etats dans lesquels ton père trouvait et trouve toujours une forme de plénitude, de félicité grâce auxquelles il accède à la contemplation.
Un jour que nous parlions de cela, lui et moi, sais-tu ce qu'il me répondit? Ceci : Le blues, la mélancolie c'est la voie vers l'extase des faits-pour-rien, des nés-pour-rien comme nous, la voie des Canopées (**).

Nous avons terminé la journée, Balthazar et moi, à regarder les tableaux que mon père lui a offerts.
Ploum, ploum.

Clémentine.

Ci-dessus, chez Balthazar en soirée.

POUR VOIR LE DIAPOPRAMA DE SERIE VERTE
(*) Edouard, pour celles et ceux qui ne seraient jamais venus au MAMI, est le chasseur du MAMI
.
(**) Pour La voie des Canopées, vous pouvez vous "aliéner" ici.