mercredi 29 septembre 2010

IMPROBABLE













Je n'avais jamais travaillé de façon prolongée, comme j'y suis contraint aujourd'hui, sur de petits formats. Avant d'interrompre ma peinture je m'étais installé sur un format et un support avec lesquels je me sentais à l'aise et en mesure de produire ad mortem. Le travail que je fais aujourd'hui sur petit format, ce que ma peinture parvient à y exprimer réduit d'autant ce que je parvenais à exprimer sur un format plus grand. Il n'est qu'à comparer sur écran deux images de travaux de formats initiaux réels différents, l'un de format 21 x 29,7 cm, l'autre de format 101 x 71 cm par exemple ( voir ci-dessous* ).
Par ailleurs le fait de me sentir confiné sur papier de format réduit me semble parallèlement réduire simultanément mon champ de liberté faute d'y lire des pistes de recherche susceptible d'aboutir, donnant envie d'être poursuivies.
Aujourd'hui je ne travaille plus dans un espace de liberté, je travaille sur un espace contrôlé. Autrefois je travaillais à distance critique de l'ordre établi, le manque de ressources matérielles ont permis à mon vieil adversaire, l'ordre établi, de me rattraper. Je travaille aujourd'hui sous sa curatelle.
Cependant je fais toujours, malgré cela, une peinture improbable. Comprenez bien que c'est mon pinceau seul qui en dirige et maîtrise l'exécution, que moi-même j'y interviens fort peu sinon pour rien. Je ne suis pas un tapissier, je ne suis pas un artisan. Je n'ai pas une main obéissante et soumise.
Il me faut croire, il vous faut croire également que l'improbable s'exprime plus librement sur grande surface que dans un espace réduit. J'aimerais savoir si en extrapolant à d'autres matières, d'autres disciplines on pourrait faire de tels constats. En politique? En zone de rétention? Sous le seuil de pauvreté? Que sais-je ... 
En conclusion, dans de grands espaces il est difficile à l'ordre établi de vous y poursuivre et encore moins de vous atteindre. Où l'on voit ici qu'il en va de même pour le peintre que pour les otages, l'ordre établi souffre là d'un fort handicap. La parabole est un peu lourde certes mais je n'en jubile pas moins.
Deale Esq. Propos d'atelier, septembre 2010.

***

(*)












A gauche 101 x 76 cm
A droite 21 x 29,7 cm
A l'écran ma démonstration ne me semble pas évidente. En agrandissant cependant mon hypothèse, une fois encore, me semble plus probante.
Par ailleurs, je trouve intéressante la juxtaposition d'oeuvres de différentes périodes. De là à juxtaposer des oeuvres "à distance critique de l'ordre établi" à des oeuvres "bourgeoises" faut voir. ( Note personnelle en marge de Propos d'atelier )

2 commentaires:

Laure K. a dit…

Cette dimension qu'est l'espace de création me parait effectivement "jouée" énormèment dasn le processus d'une création.

maintenant il me parait aussi intéressant de "jouer" avec cette contrainte puisqu'elle infléchie à l'esprit, à la main et à l'oeuvre une tout autre mise en forme...
La liberté fournit aussi ses chaînes comme on dit; n'y a t il pas là un cadre, une rigueur qui gratte aux entournures et qui trouve un compromis dans de nouvelles contraintes.

Souvent, je crois que j'ai eu de bonnes idées dans un environnement accidenté qu'en pleine possession de moyens. Mais je dis ça... c'est aussi pour s'en tirer vaincqueur plutôt que d'en souffrir !

LE MAMI a dit…

>Laure K;,
Je ne comprends pas bien tout ce que vous avez voulu dire là.Mais je sais et je pense qu'il n'est pas simple, facile de vivre en société et qu'il nous est impossible de vivre autrement. A cela l'imaginaire, le rêve nous permettent d'accommoder, de tromper temporairement, voire réaménager le réel.L'imaginaire et le rêve ne nous grandissent pas toujours durablement mais jamais ils ne nous réduisent.Le réel, lui, vient toujours à bout de nous d'une manière ou d'une autre. L'imaginaire a sa fenêtre ouverte sur un ailleurs, un autre, un autrement. Le réel est bien trop terre-àterre pour tout cela.
Deale Esq.
P.S. Tout cela à entendre avec modération.