Ce que C. Florentin, Directeur du Festival International de Rues d'Uzès, écrivit sur le spectacle que je donnai en 91 :
Dès les premières lignes une fenêtre s'entrouvre sur une poésie urbaine. Surnommé pampers par son père attentif, SUCHET, (alias Tehcush), en quelques traits couche des impressions furtives, contradictoires, rebondit, jongle avec les mots, les sensations, les sentiments. Par un phrasé saccadé, à cloche-pied, il décoche des clins d'oeil. Tiraillé par des haussements d'épaule, des hochements de menton, des croche-pieds, des accroche-coeurs, il dévoile des recoins secrets de nos pensées. Juste avec ce qu'il faut d'humour, d'odeur, d'atmosphères insolites, sans prétention, il pénètre, exhausse nos âmes dans un va-et-vient incessant, un pas de deux, un face à face à peine voilé. Il slalomme, contourne, évite les écueils larmoyants de nos peurs, de nos pensées morbides pour s'évader dans un univers éthéré, détaché d'une réalité médiocre.
Peu de commentaires, des mots courts, des histoires courtes, tout chez SUCHET exprime cette discrétion sentimentale proposée à crédit. Par touches successives, il décrit avec une certaine distance sa propre sensibilité. Il tresse un écheveau de filaments sonores, une musique intérieure ne s'adressant qu'à des initiés. Une conversation intime faite de confidences effeuille l'abïme de nos désirs inassouvis, nos aventures inachevées ou nos rêveries insensées, nostalgiques.
Le tout en 75 tours, rapides, vifs, incisifs, volontairement actuels, il suggère par 108 histoires courtes quelques instants communs où nos âmes convergent, se séparent puis se retrouvent. Une mélodie secrète, sinusoîdale ondule entre joies, petits maux et espoirs éphémères.
Le doute est le confident de SUCHET, il s'assied à sa droite et lui chuchote des mots tendres, jaloux, haineux. Il habite en sa demeure, le suit, le harcèle sans défaillir. Mais tous deux affleurent notre imaginaire torturé, le ponctuant de sourires amusés, le secouant de rires éclairés.
Cet écorché vif coche les cases de nos intérieurs délabrés de notes qui dénotent, avoue nos faiblesses, les livre librement et peut-être est-ce là l'intérêt que nous pouvons apporter aux textes d'Hervé SUCHET, l'intérêt que nous devons attacher à ce qui nous reste de poésie, d'humour et surtout d'humanité ...
En toute amitié
Christian Florentin
Festival Int. de Musique dans
la Rue d'Uzès
Uzès 91
A l'époque lorsque je pris connaissance de ce texte, j'en fus furieux. Dithyrambique. Aujourd'hui c'est avec nostalgie que ce texte me fait revivre une époque généreuse, audacieuse, si lointaine, me semble-t-il, de ce qui nous est offert de nos jours. Allez! Merci.
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